Des ONG appellent à une enquête internationale après les attaques israéliennes contre la Flottille Sumud
Plusieurs organisations internationales de défense des droits humains demandent au Conseil des droits de l’homme de l’ONU de créer une commission d’enquête indépendante sur les attaques israéliennes contre une mission humanitaire maritime à destination de Gaza.
Dans une lettre urgente adressée au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, trois organisations de défense des droits humains – le Centre de Genève pour la Démocratie et les Droits de l’Homme, le Forum international pour la Justice (Istanbul), et l’Union internationale des Juristes (section de Genève) – ont appelé à l’ouverture immédiate d’une enquête internationale indépendante sur les attaques israéliennes visant la Flottille , qui tentait de livrer de l’aide humanitaire à la population assiégée de Gaza.
Les faits remontent aux 2 et 3 octobre 2025, lorsque des forces navales israéliennes ont intercepté la flottille alors qu’elle naviguait dans les eaux internationales. À bord : plus de 500 volontaires et militants issus de 40 pays, transportant des médicaments et des fournitures humanitaires destinés aux civils et enfants de Gaza, soumis à un blocus ininterrompu depuis 2007.
« Ces attaques constituent des crimes de guerre et des violations graves des droits humains. Elles doivent faire l’objet d’une enquête sérieuse et indépendante », ont affirmé les signataires dans leur lettre.
Une mission humanitaire visée en mer
Selon les organisations, la flottille, surnommée “Sumud” (Fermeté), menait une mission strictement humanitaire, sans armes ni intention politique, dans le but de briser le siège imposé à Gaza depuis 18 ans. Les ONG soulignent que l’assaut israélien s’est produit en pleine mer, hors des eaux territoriales, en violation flagrante du droit international.
Le droit international humanitaire et les conventions des Nations Unies interdisent l’usage de la force contre des civils, y compris en temps de guerre. La Convention sur le droit de la mer garantit la liberté de navigation et interdit toute attaque contre des navires civils dans les eaux internationales. Pour les organisations, l’action militaire israélienne constitue une violation manifeste de ces principes.
Appels à une enquête internationale
Dans leur lettre au Conseil des droits de l’homme, les organisations réclament :
- La création d’une commission d’enquête internationale indépendante et impartiale pour établir les faits, collecter les preuves et identifier les responsabilités, tant individuelles qu’institutionnelles.
- La protection juridique des missions humanitaires civiles, avec des mesures concrètes pour prévenir de nouvelles attaques contre des navires ou convois d’aide.
- Le renvoi des conclusions de l’enquête aux juridictions compétentes, y compris la Cour pénale internationale (CPI) et les tribunaux nationaux habilités à agir en vertu du principe de compétence universelle.
Détentions massives, réactions internationales
L’attaque contre la flottille a provoqué une onde de choc. Selon les autorités israéliennes, 470 personnes ont été arrêtées, et Tel-Aviv prévoit de les expulser vers l’Europe. Près de 200 militants auraient été interrogés, puis transférés au centre de détention de Ketziot, dans le désert du Néguev.
Des manifestations de soutien aux activistes ont éclaté dans plusieurs capitales. Des ONG comme Amnesty International ont condamné l’opération israélienne, et l’ONU a qualifié l’assaut d’« inacceptable ». Des gouvernements ont également appelé à la libération immédiate des détenus et au respect du droit international.
Une catastrophe humanitaire persistante à Gaza
Cette opération marque la première tentative collective de grande ampleur pour rompre le blocus de Gaza par voie maritime. L’enclave palestinienne, où vivent environ 2,4 millions de personnes, subit une crise humanitaire sans précédent.
Depuis octobre 2023, l’offensive militaire israélienne contre Gaza a entraîné la mort de 66 288 personnes et fait 169 165 blessés, selon les dernières estimations, en grande majorité des femmes et des enfants. La famine, conséquence directe du blocus, a déjà coûté la vie à 455 Palestiniens, dont 151 enfants.
Les signataires de la lettre estiment que l’inaction internationale nourrit une culture d’impunité, rendant probables de nouvelles attaques contre des initiatives humanitaires similaires. Ils exhortent le Conseil des droits de l’homme à agir sans délai pour protéger la vie, la dignité et l’accès à l’aide des civils gazaouis.
« Face à l’horreur, le silence n’est pas une option. L’humanité doit prévaloir sur l’impunité », conclut la lettre.